Début de la présidence espagnole : à quoi faut-il s’attendre ?

European Union, 2023

Début de la présidence espagnole : à quoi faut-il s’attendre ?

Ce 1er juillet 2023, l’Espagne a pris la présidence du Conseil de l’Union Européenne. Une position importante, au cœur de la machine institutionnelle européenne. Mais qu’est ce que réellement cette présidence ? Comment fonctionne-t-elle ? Quelles sont ses missions ? Également, quelles sont les priorités espagnoles pour cette présidence ? Autant de questions auxquelles nous allons répondre !

La présidence du Conseil de l’Union Européenne ou Présidence de l’Union Européenne, est une présidence dite tournante, rotative entre chaque Etat membre. Cette Présidence est exercée par le gouvernement de l’Etat dans son ensemble, il n’y a pas de « Président » unique, personnifié.

 

Pour rappel, le Conseil de l’Union européenne est l’une des principales institutions européennes. C’est un organe à la fois exécutif et législatif. Il négocie et adopte les textes de même que le Parlement européen, à la différence que ce Conseil représente les Etats membres alors que le Parlement représente lui les citoyens européens. Le Conseil de l’UE a aussi pour mission de coordonner la politique des Etats-membre, ou encore de conclure des traités entre l’UE et d’autres instances ou pays.

 

Depuis 2007, les présidences du Conseil de l’UE sont présentées en « trio » avec un programme politique commun. Cela permet d’assurer une continuité dans le temps de l’action politique. 

La présidence espagnole est la première du « trio » Espagne, Belgique et Hongrie. Elle succède à la présidence suédoise qui elle était la dernière du « trio » France, République tchèque et Suède. Cet ordre d’alternance de présidence est toujours le même. Chaque présidence est en place pour une durée de 6 mois. Etant donné qu’il y a 27 Etats membres dans l’UE, les Etats membres n’exercent une présidence qu’une fois tous les treize ans et demi : c’est donc un moment important pour chaque Etat.

 

La Présidence a pour rôle de coordonner le travail du Conseil de l’UE. Elle est chargée d’organiser les différentes réunions et les nombreux groupes de travail entre les différents Etats membres sur les sujets législatifs et règlementaires en cours de négociation. La présidence doit avoir comme objectif de trouver des compromis sur tous les sujets abordés : c’est elle qui dirige les négociations et les discussions entre les Etats membres. Elle s’assure également des bonnes relations avec les autres institutions européennes, notamment le Parlement européen et la Commission européenne, et interagit directement avec elles dans le cadre des trilogues.

 

Aussi, la présidence s’engage à avoir un rôle de médiateur « impartial » : le pays doit aller au-delà de ses intérêts personnels, afin de dégager l’intérêt commun de tous les Etats membres. Toutefois, l’Etat qui accède à la présidence peut influencer les échéances calendaires du Conseil de l’UE, et donc parfois prioriser certains sujets au détriment d’autres. Il peut également organiser des événements autour de certains sujets qu’il juge importants à Bruxelles, à Luxembourg mais aussi dans son pays. C’est donc une manière de conférer une dimension européenne supplémentaire pour le pays qui accède à la présidence.

 

Le gouvernement espagnol a donc donné des priorités pour sa présidence. L’une desgrandes priorités annoncée par le premier ministre espagnol cest la réindustrialisation de l’UE pour garantir « son autonomie stratégique et sa souveraineté ». Autres grandes priorités, la transition verte et l’adaptation au changement climatique, ainsi que la justice sociale et une meilleure redistribution des richesses. L’Espagne s’est également montrée à l’écoute sur des sujets tels que l’unité de l’union européenne, « l’optimisation des processus de décision européens », la conclusion de l’union bancaire ou encore l’immigration. L’immigration devrait notamment être le grand sujet du début de cette présidence, avec l’accord récent trouvé entre les Etats membres autour d’un nouveau pacte sur la migration et l’asile.

 

Cette présidence espagnole est aussi particulière compte tenu de l’agenda politique en général. En effet, se tiendront au courant de ce mois de juillet, des élections nationales espagnoles anticipées qui pourraient changer le gouvernement actuel en pleine présidence espagnole du Conseil de l’UE. Également, au cours de cette présidence, les élections européennes de juin 2024, influeront déjà sur les  travaux des institutions européennes.

 

C’est donc une présidence déjà chargée qui semble se profiler pour l’Espagne, qui souhaite malgré tout incarner une présidence proactive.