Dubravka ŠUICA hérite d’un portefeuille qui vise à renforcer les liens de l’Europe avec la Méditerranée, une région stratégique essentielle pour la sécurité, la croissance économique et les liens culturels de l'UE. Son rôle impliquera de travailler sur questions complexes comme l'instabilité politique, la migration, le changement climatique et les évolutions démographiques.
Dans ses propos introductifs lors de son audition, la commissaire a estimé que les pays de la Méditerranée cherchent « des opportunités technologiques, de l’énergie propre, des investissements ». Selon elle, « ils veulent développer une industrie locale, créer des emplois dans cette entreprise ». « Ils ont besoin de partenaires fiables. L’Europe doit montrer qu’elle est le premier partenaire de choix, a-t-elle indiqué aux députés européens.
Ainsi, pour Mme ŠUICA, l'Europe doit passer de principal donateur à acteur dans la région, avoir un rôle « de premier plan ». « Nous allons être présents sur le terrain pour diminuer l’influence de la Chine et de la Russie. C'est le but ultime de mon portefeuille, a ajouté la commissaire.
Les priorités principales pour son mandat :
1. Nouveau Pacte pour la Méditerranée : Ce pacte vise à renforcer le rôle de l'UE dans la région grâce à une coopération stratégique dans des domaines clés. Il reposera sur deux axes, avec des partenariats globaux et stratégiques dans des domaines tels que notamment l’investissement, l’économie, la connectivité numérique, et des investissements régionaux concrets, c’est-à-dire des « partenariats sur un pied d’égalité avec des avantages économiques durables pour aujourd’hui et demain » visant à stimuler la croissance et la création d’emplois dans la région, avec un accent particulier sur l'éducation des filles et l'entrepreneuriat féminin. Des accords stratégiques et globaux ont déjà été conclus avec l’Égypte et la Tunisie. Mme ŠUICA a expliqué que des négociations étaient en cours avec la Jordanie et que des discussions pourraient être initiées avec le Maroc.
2. Stratégie pour le Moyen-Orient : Mme ŠUICA a insisté sur l'engagement de l'UE à atteindre une paix durable et la stabilité dans la région, l'objectif à long terme est une solution à deux États, en soutenant les réformes de l'Autorité palestinienne, en assurant la sécurité des Israéliens et des Palestiniens et en contribuant à la paix au Moyen-Orient.
« La perte tragique de vies à Gaza, au Liban et au-delà doit cesser maintenant. Cela implique un cessez-le-feu à Gaza, la libération des otages et le renforcement des flux d'aide humanitaire à Gaza » a-t-elle déclaré.
Elle a promis que l’UE allait poursuivre son soutien à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont l’avenir est compromis par des lois adoptées par la Knesset israélienne qui n’a « peut-être pas pris la meilleure décision ». Elle va aussi travailler à un programme pluriannuel de soutien à l’Autorité palestinienne, qui doit « se renforcer pour devenir un interlocuteur pour un futur dialogue sur une solution à deux États ».
Migration. Bien que son portefeuille n'inclue pas la migration, Mme ŠUICA a été interrogée par de nombreux eurodéputés sur la lutte contre la migration illégale.
La migration sera l’une des composantes du nouveau Pacte pour la Méditerranée. La commissaire plaide pour une approche globale, en conjuguant des voies sûres et légales de migration - d'autant que, du fait de son profil « démographique », l'UE doit « attirer des talents » -, la lutte contre la migration illégale et la hausse des retours volontaires.
Selon la commissaire, seuls 20% des migrants illégaux sont actuellement renvoyés dans leur pays. Elle souhaite travailler sur une nouvelle directive sur les retours. « Le Conseil (européen) a demandé à la Commission européenne de travailler sur cette question, la tâche est ardue, mais c’est la raison pour laquelle on propose ces accords où la migration sera un thème important », a-t-elle insisté, ajoutant qu’il fallait renforcer les capacités des États tiers à accueillir et réintégrer leurs migrants de retour.
Alors que les accords avec la Tunisie et l’Égypte ont fait l’objet de critiques concernant les droits de l’homme, Mme ŠUICA a assuré que ces accords comprenaient la protection de ces droits. « L’engagement de l’Europe en Méditerranée ne pourra atteindre son plein potentiel que s’il y a un engagement envers des réformes, la bonne gouvernance et l’État de droit », a-t-elle expliqué.
3. Coopération avec les pays du Golfe : Mme ŠUICA soutiendra la mise en œuvre de la stratégie du Golfe avec la finalisation d’accords de partenariat stratégique (régionaux et bilatéraux), en mettant l'accent sur des secteurs comme l'énergie verte et les technologies
En conclusion, la commissaire désignée a reconnu que « le portefeuille était inédit, complexe et vaste » et qu'il croise des missions de plusieurs autres commissaires et de la Haute Représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Mme ŠUICA a estimé que « le rôle de la Haute Représentante sera plutôt démocratique et le mien plutôt économique ».
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